- Spoiler:
[Bon, j'avoue que j'ai pas trop compris si le camp d'entraînement est plutôt un espace libre où les élèves peuvent s'entraîner quand ils veulent de la manière qu'ils veulent ou bien un cours à part entière, j'ai pris ici la première option, désolée par avance si j'me suis plantée ><]
Camp d'entraînement... Entraînement.
Aëlissya retint un soupir. Fit taire la question qui s'imposa une énième fois à son esprit : à quoi cela servait-il qu'elle s'y rende ? Elle secoua la tête. Ne pas y penser. Elle n'avait pas de cours dans l'immédiat, et voulait bien faire tout, sauf ruminer ses habituelles pensées moroses seule dans sa chambre. Car oui, Aëlissya était toujours seule. Et cela lui convenait très bien.
Elle descendit pensivement deux volées d'escalier tout en jetant furtivement des coup d'oeil à l'extérieur par les fenêtres qui les garnissaient et en savourant la paix qui régnait en son esprit sans la familière pression de la barrière qu'elle érigeait pour se protéger du monde extérieur qui n'allait, certes, pas durer.
Comme pour confirmer ses pensées, elle ressentit, aussitôt qu'elle déboucha sur le camp d'entraînement, la masse d'émotions diffuses dans l'air.
Oppressante, comme toujours. Retenant une grimace, Aëlissya s'assit dans un coin, dans l'ombre. A l'abri des regards. Comme toujours.
Sur le large terrain, une dizaine d'enfants, d'adolescents, s'entraînaient. Et, comme à chaque fois qu'elle observait les muscles crispés par l'effort d'une métamorphose, comme à chaque fois qu'elle voyait les fronts se froncer par la concentration que demandait le contrôle d'un élément, la jeune fille n'en haïssait que plus son pouvoir. Toujours plus.
Elle, peu importe l'effort que, elle n'en doutait pas un instant, un tel pouvoir demandait, elle aurait volontier abandonné son ressenti des émotions pour quelque chose qui mettait moins son âme à nu, qui ne lui demanderait pas de se couper ainsi des gens, de son entourage, qui lui faisait tant perdre le contrôle d'elle-même.
Parfois, elle se laissait à penser à un don simple. Pourquoi donc avait-elle hérité de psychisme ? Quelle utilité cela avait-il ? N'aurait-elle pas pu être une élémentaire ? Ou une métamorphe, comme sa soeur ? Sa soeur... Sa mâchoire se crispa. Encore un sujet douloureux. Où était-elle en ce moment ? Etait-elle seulement vivante ? Elle secoua la tête. Ce n'était vraiment pas la peine de penser à tout cela.
Son regard se durcit. Elle ne voulait, ne devait pas faire comme les fois précédente. Elle devait être forte. Elle se recroquevilla sur elle-même, pliant les jambes pour coller ses genoux à sa poitrine, entourant ses cuisses de ses bras et appuyant son menton sur ses genoux. Elle fit alors exactement le contraire de ce que sa position suggérait : elle s'ouvrit. Elle aimait s'entraîner ici parce que les émotions des gens étaient moins fortes, plus supportables. Les combattants essayaient d'avantage de se concentrer et de contrôler leurs propres émotions.
Toute la difficulté de l'exercice auquel Aëlissya essayait de se livrer le plus fréquemment possible consistait, malgré sa réticence, à ouvrir assez son esprit pour s'imprégner des états d'âmes des gens et pouvoir, au lieu d'une mêlée inextricable d'émotions diverses, séparer ces sentiments et les distinguer les uns des autres selon leur propriétaire, mais tenir tout de même la bride à son don pour qu'il ne prenne pas assez d'intensité pour que les émotions, devenues trop fortes ou trop puissantes, s'imposent à elle jusqu'à remplacer sa propre personnalité et qu'elle perde, comme souvent, le contrôle d'elle-même.